Jean de la Croix Juan de Yepes Álvarez, devenu Jean de la Croix en religion (en espagnol, Juan de la Cruz), est né à Fontiveros en 1542 et mort au couvent d'Ubeda en 1591), est un saint et mystique espagnol. Il est souvent appelé le « Saint du Carmel ». Né dans une famille aristocrate espagnole, il fait ses études et devient carme. Voulant consacrer sa vie en devenant Chartreux, c'est alors qu'il rencontre Thérèse d'Avila, réformatrice de l'Ordre du Carmel, qui lui demande de réformer l'ordre masculin du carmel, ce qu'il accepte, en fondant l'ordre Carmes déchaussés. Il accompagne spirituellement les surs de l'Ordre du Carmel, avant d'être enfermé par les autorités du Carmel qui refusent sa nouvelle réforme. Jean de la Croix développe alors une très forte expérience mystique, connue comme celle de la nuit obscure, qu'il écrit et développe tout au long de sa vie à travers des traités « Montée du Carmel », « La nuit obscure », « La Vive Flamme d'Amour », ou « Cantique Spirituel », où il veut décrire le chemin des âmes à Dieu. Après avoir été nommé prieur de divers couvents de carmes déchaussés, il est à la fin de sa vie mis au ban de sa communauté, ou il meurt en décembre 1591. Après sa mort, il est très vite considéré comme un saint, et considéré comme l'un des plus grands mystiques espagnols du XVIe siècle, au même titre que Thérèse d'Ávila. L'Église catholique le béatifie en 1675 puis le canonise en 1726. Il est fêté le 14 décembre. Les querelles sur l'illuminisme conduisent cependant à remettre en cause ses écrits, mais c'est la reconnaissance de ses écrits par Thérèse de Lisieux qui contribue à reconnaître l'importance de sa doctrine, il est alors proclamé docteur de l'Église entre les deux guerres mondiales, le 24 août 1926. La richesse de sa poésie conduit à en faire l'un des plus grands poètes espagnols, et certains philosophes s'appuieront sur ses écrits afin de conceptualiser le détachement. Il est depuis 1952 le saint patron des poètes espagnols.
Biographie Gonzalo de Yepes et Catalina Álvarez se marient et ont déjà un premier fils François, lorsque naît Jean en 1542 à Fontiveros Vieille-Castille. Son père appartient à la noblesse espagnole, il est chevalier, mais il a été déshérite par sa famille du fait de son mariage avec Catalina Álvarez . La famille vit alors du tissage, mais la situation économique est difficile d'autant que la famille sévit. Très vite son père, Gonzalo, meurt en 1545, ainsi que son frère Luis ( qui meurt en 1547). Ces décès affecteront beaucoup le jeune Jean de la Croix durant toute sa vie. Le reste de la famille connaît alors lexclusion, lerrance et la misère. L'absence d'argent conduit Catalina à confier Francisco, le frère ainé, à un oncle pendant un an avant de le récupérer devant les maltraitances qu'il subit. A l'âge de 5 ans, Jean, est envoyé à l'école. Jean aurait fait une expérience qui est souvent raconté : tombé dans une lagune, et commençant à se noyer, il y« vit une dame très belle qui lui demandait sa main et lui tendait la sienne, et lui qui ne voulait pas la donner pour ne pas salir celle de la dame, et, à cet instant critique, arriva un laboureur qui, avec une perche, le sortit de là ». Les hagiographes voient dans la dame, la Vierge Marie. En 1548, face à la famine et la sécheresse règnent à Fontiveros, la famille décide de s'installer à Arévalo. Francisco le frère ainé commence alors à avoir de mauvaises fréquentations, avant de recontrer sa future femme Ana. Francisco décide alors de venir en aide aux pauvres de la ville, qu'il amène chez lui en hiver, et très vite Jean découvre l'aide et le soin des pauvres. La situation familiale ne s'améliore pas, Catalina décide alors de déménager encore à Medina del Campo où elle trouve du travail en tant que tisserand, malgré une grande pauvreté, dans une maison ou vivent Catalina, Francisco et sa femme Ana, ainsi que Jean. Ana et Francisco ont des enfants, mais aucun ne parvient à survivre, sans doute du fait de la grande pauvreté qui règne, ces décès marque profondément Jean. Jean étudie au collège de la Doctrine, école des frères de la Doctrine, où il est parrainé par Rodrigo de Duenas. Il y apprend à lire, écrire, compter et apprend la doctrine chrétienne. Il peut étudier en échange de services rendus à la paroisse de la Madeleine : nettoyage de l'église, enfant de chur où faire des commissions pour des religieuses. Jean se montre un bon élève. Rodrigo de Duenas exige cependant que les enfants du collège apprennent un métier, et permettant d'aider à subvenir aux besoins de la famille. Jean essaye plusieurs métiers mais il ne se montre pas très habile et doit changer, il est successivement charpentier, puis tailleur, puis sculpteur sur bois, puis peintre. Sa mère l'envoie provisoirement au couvent de la pénitence, où il est servant de messe, et un gentilhomme Alvarez de Toledo, qui s'est retiré du monde pour s'occuper des pauvres à l'hôpital de Medina del Campo, il prend l'adolescent à son service pour aider les pauvres et être infirmier à l'hôpital. Il obtient une licence pour suivre les cours du collège des jésuites de Medina del Campo, et y apprend la philosophie, la rhétorique, le latin, tout en poursuivant son travail à lhôpital. Jean se montre particulièrement doué pour les études. Jean vit encore chez ses parents, et son frère
Francisco voit ses deux enfants mourir en bas âge, mais continue
à se dévouer aux pauvres, cherchant des familles pour les
orphelins, et aidant les mendiants. A l'âge de 21 ans, Jean termine ses études d'humanités, il apprend les règles de la prosodie avec le père Bonifacio. Il demande de rentrer dans l'ordre des carmes. Sa mère et Alvarez de Toledo décident de faire de lui le prochain chapelain de l'hôpital de Medina et l'envoient poursuivre ses études. Il entre au couvent des Carmes de Medina en 1563. Il prend alors le nom de Jean de Saint-Matthias. Il vit alors une force vie ascétique mais aussi de pénitence. Un an plus tard il prononce ses vux perpétuels de pauvreté, obéissance, et de chasteté. Le supérieur décide alors de l'envoyer poursuivre ses études et il est envoyé au couvent Saint André de Salamanque annexé à l'Université de Salamanque, qui est alors l'une des quatre plus grandes université d'Europe avec Paris, Oxford et Bologne. De 1564 à 1568, Jean de Saint-Matthias étudie trois ans la philosophie, la théologie morale de Thomas d'Aquin, qui deviendra l'un des ses grands maître spirituel. Il continue à vouloir pratiquer une forte vie de pénitence, dormant sans matelas, portant le cilice, et passant de nombreuses heures de la nuit en prière. Jean de Saint-Matthias se montre un étudiant brillant, il devient préfet des études à Salamanque. A la fin de ses études il fait un mémoire de recherche, dans lequel il considère que la pratique du mysticisme conduit à l'illuminisme, dans la mesure où la beauté contemplation est caché par la recherche du sensationnel. Cependant Jean de Saint-Matthias a la certitude que Dieu
est en lui, au fond de lui même. Il veut alors consacrer sa vie
à Dieu dans la vie contemplative et croit que seul l'ordre religieux
de la Chartreuse pourra lui permettre de réaliser ce dessein. Il
veut alors rentrer à la Chartreuse de Ségovie. Ordonné
prêtre en 1567, il dit alors sa première messe en présence
de sa mère Catherine et d'Alvarez de Toledo son bienfaiteur. Au même moment, Thérèse d'Avila, religieuse du Carmel est en train de réformer son ordre religieux, qui devient le carmel déchaussé (le nom déchaussé vient du fait que les carmélites ne portent plus des chaussures). Elle souhaite fonder une branche masculine à l'ordre du Carmel, et a obtenu l'autorisation du supérieur des carmes, Rubeo de Ravenna, de fonder une branche masculineB 18. Elle cherche alors des personnes voulant suivre la nouvelle congrégation. Antoine de Heredia accepte d'en faire partie, et Thérèse d'Avila lui demande de patienter un an afin de discerner. Elle arrive à Medina del Campo et entend parler de Jean de Saint-Mathias, un frère carme chaussé menant une vie ascétique et de pénitence. Thérèse d'Avila décide de le rencontrer en participant à sa première messe. Thérèse d'Avila a alors un long entretient avec Jean de Saint-Mathias au cours de laquelle elle lui fait part de sa volonté de réformer l'ordre, et lui demande son aide, afin qu'il dirige la réforme de l'ordre masculin du carmel, les carmes déchaussés. L'objectif de cette réforme du Carmel est de retourner aux pratiques primitives de lOrdre. Jean accepte mais Thérèse d'Avila lui demande de poursuivre ses études avant de commencer l'entreprise, il retourne donc à l'Université de Salamanque pour achever ses études. Pendant ce temps, Thérèse d'Avila qui fonde un nouveau couvent réformé à Valladolid reçoit une maison qu'un homme lui offre afin de fonder un nouveau carmel à Durelo. Elle décide d'y fonder le premier couvent des carmes déchaussés. Un an après leurs première rencontre, en septembre 1568, Jean va à Valladolid afin de connaître les usages de la nouvelle réforme du Carmel déchaussé, avant de partir pour DurueloA 12. Thérèse d'Avila décrit alors de manière élogieuse Jean : « Le père frère Jean est une des âmes les plus pures, les plus saintes que Dieu ait fait sur cette terre. Sa majesté lui a communiqué de grandes richesses de sagesse céleste ». Arrivée à Duruelo, Il prend alors le nom de Jean de la Croix, nom qu'il garde jusqu'à sa mort. Jean de la Croix s'installe avec deux autres compagnons et porte l'habit de carme confectionné par Thérèse d'Avila : une bure retenu par une ceinture, le scapulaire de l'Ordre et un court manteau blanc. Il s'installe alors travaillant de manière importante à des travaux de maçonnerie afin de préparer le premier couvent des carmes déchaussés. Les premières années à Duruelo sont marqués par une radicalité importante : Jean de la Croix part évangéliser pied nu, et parfois malgré la neige, il prêche la nuit, et prie la nuit en dormant très peu et dans des conditions très précaires, la maison n'étant pas très bien isolé du froid. De plus Jean de la Croix pratique une forte vie de mortification : il porte le cilice et s'impose différents type de mortifications, comme le jeûn. Il justifie cette mortification par la nécessité de rétablir en lui l'ordre détruit par le péché, mais aussi afin de faire réparation pour les autres. Thérèse d'Avila cherche à modérer ce qu'elle considère comme un excès de pénitence de Jean de la Croix, qu'elle considère comme trop lourdes. Cependant très vite cette vie de mortification posa problème, en effet un nouveau carmel déchaussé fut fondé à Pastrana le carmel de Durelo étant trop petit. Les novices étaient nombreux, et se démarquent par un excès de mortification afin d'imiter Jean de la Croix. Jean de la Croix est alors envoyé à Pastrana et demande alors qu'on se limite, dans les mortifications, aux seules exigences de la règle du Carmel. Jean de la Croix voit le danger des excès de pénitence et il dénonce dans « Nuit Obscure » les excès de ses débuts affirmant : « Ce sont des pénitences de bêtes, vers lesquelles comme des bêtes on se laisse attirer, trompé par le désir et la satisfaction qui en résultent. ». Suite à la fondation de Pastrana, de nombreuses personnes veulent entrer chez les carmes déchaussés. Jean de la Croix fonde alors aussi à Mancera. En 1570, âgé de 28 ans, il est nommé recteur du Collège que la réforme fonde à Alcala de Henares et poursuit ses études de théologie et enseigne aux carmes déchaussés. Une rumeur circule affirmant que Jean de la Croix demande trop d'austérité à ses carmes, Jean demandant à maintenir la règle des carmes déchaussés « étudiants et religieux, mais religieux d'abord », ceci conduit à une visite apostolique d'un dominicain qui encourage Jean de la Croix dans ses démarches. Quelques temps plus tard, Jean de la Croix part pour
Pastrana, là encore pour modérer les pénitences qui
existent dans la nouvelle fondation de Pastrana. Il conduit à ce
que les novices n'aient qu'un directeur spirituel afin de les accompagner
et non plusieurs afin de suivre les novices dans la continuité.
C'est à partir de ce moment là que Jean de la Croix est
considéré comme le maître de la réforme. Thérèse d'Avila est nommé en 1571 par un visiteur apostolique, membre de l'Église envoyé par le pape, prieure du monastère de la Visitation d'Avila, le grand couvent où elle était entrée à vingt ans, pour y introduire sa Réforme du carmel déchaussé. En 1572, elle fait venir Jean de la Croix comme directeur spirituel des religieuses, avec un autre carme déchaussé. Pendant trois ans Jean de la Croix va alors vivre dans une profonde solitude et va accompagner spirituellement les 130 religieuses du couvent carmélite d'Avila. Son accompagnement est d'une grande aide afin d'imposer la nouvelle règle du Carmel, et Jean de la Croix est très vite apprécié par les carmélites, Anne Maria de Jésus, affirme « Elles reconnaissent son génie dans le gouvernement des âmes, sa patience infinie, les conduisant à petite allure, sans violence et par des petits moyens, au point qu'il vient à bout des plus délurées qui laissent leurs coquetterie et les choses du monde pour se soumettre à sa parole, car elle est à la fois humaine, céleste et pleine d'amour ». Jean de la Croix vit dans une grande solitude dans une maison aux abords du couvent, il reste seul sauf quand il va chez les religieuses pour des directions spirituelles. Très vite Jean de la Croix a une réputation de sainteté à Avila et il commence à développer sa doctrine spirituelle, notamment en écrivant sur des petits billets qu'il laisse à certaines surs, des phrases pour les encourager. Dans ces billets il pousse les religieuses à se détacher des choses du monde « L'âme qui s'attache à ses appétits n'est pas plus libre pour contempler Dieu que la mouche qui se pose sur du miel pour voler », affirmant que « Celui qui ne sait pas éteindre ses appétits chemine vers Dieu tel un homme tirant péniblement un chariot jusqu'au sommet d'une côte », encourageant ceux qui souffrent « Quand tu portes un fardeau, tu es en compagnie de Dieu qui est lui même ta force car Il est proche de ceux qui sont dans la peine. Quand tu n'as pas de fardeau, tu es en société avec toi même qui n'est qu'infirmité ». Pour Jean, le silence est un moyen d'accéder à Dieu, puisqu'il permet pour Jean de la Croix de limiter l'expérience des sens et réduit les activités désordonnés de l'intelligence affirmant « Le Père a dit une parole qui est son Fils et Il la dit toujours dans un éternel silence et c'est seulement le silence que l'âme entend ». Jean de la Croix fuit alors la lecture d'autres livres que la Bible, et fuit les sentiments pour n'essayer de vivre que de la foi pure. C'est à travers cette recherche qu'il découvre l'expérience de qu'il appelle la nuit de la foi. Face à cette quête de Dieu à travers la foi, Jean de la Croix expérimente une souffrance intérieure, qu'il interprète comme une souffrance issue du péché: les facultés humaines n'étant pas adaptés à cette découverte de Dieu qui lui vient par la foi. Il compare alors cette souffrance aux souffrances décrites dans les Évangiles lors de la Passion du Christ. L'enseignement de Jean de la Croix influence beaucoup Thérèse d'Avila, qui écrit l'une de ses principales uvres, le « Château intérieur » après avoir reçu son accompagnement. En 1574, Thérèse d'Avila fonde un nouveau
carmel à Ségovie et elle demande à Jean de la Croix
de l'accompagner dans cette nouvelle fondation. Un jour de 1575, dans
le couvent de l'Incarnation, Jean de la Croix à une vision du Christ
en croix, qu'il dessine (Ce dessin inspirera le peintre Salvador Dali
en 1951 qui peindra le célèbre Le Christ de Saint Jean de
la Croix). Cette vision conduit Jean de la Croix à approfondir
ses méditations sur la souffrance du Christ, dont il écrit
dans « Montée du Carmel » « Durant sa vie, il
n'eut pas où reposer sa tête et à l'heure où
il expira moins encore. Son Père le délaissait pour qu'il
payât purement la dette de l'humanité et qu'il unit l'homme
à Dieu, lui même demeurant anéanti comme réduit
à rien ». Les années 1576 et 1577 marquent des changements importants vis à vis de la réforme du Carmel déchaussés. Jean de la Croix bénéficiait de la faveur du roi et la protection du Nonce et des visiteurs apostoliques. Cependant le père Rubeo, membre des carmes chaussés entend que des carmes déchaussés, qui mettent en application la réforme du Carmel, veulent une plus grande indépendance. Ces rumeurs conduisent à de profondes divisions, et un chapitre du carmel chaussés conduisent à l'arrestation temporaire de Jean de la Croix en 1576 à Medina del Campo, mais très vite il est relâché. Les carmes chaussés cherchent alors à faire disparaître la réforme déchaussé. Le 18 juin 1577, le Nonce, représentant du pape en Espagne, Ormaneto favorable à la réforme meurt. Un chapitre général de l'Ordre, qui réuni tout les supérieurs de l'Ordre des Carmes, se déroule à Plaisance en Italie. Le chapitre décide de déclarer les Carmes déchaussés rebelles, et accuse Jean de la Croix comme leader de la rébellion. Ils cherchent à faire exclure Thérèse d'Avila du couvent des carmélites déchaussés, conduisent à l'élection d'une nouvelle supérieure, et font exclure Jean de la Croix, considéré comme des rebelles. Dans la nuit du 2 décembre 1577 Jean de la Croix est fait prisonnier par une troupe armée, dirigé par le Père Moldonado, opposant à la réforme des carmes déchaussés, l'emmenant de manière secrète à Tolède dans un cachot du couvent des carmes chaussés. Cette arrestation marque un changement important dans la vie de Jean de la Croix: il souffre physiquement : le cachot ne permet de voir le jour que par le toit, le régime punitif du cachot est proche de celui d'un jeune forcé, il doit faire face à des chaleurs, mais aussi des coups de la part des geôliers qui le considèrent comme rebelle. Cette souffrance se double d'une souffrance psychologique: il entend des exhortations à quitter la réforme et ne reçoit aucune nouvelle de l'extérieur. Au niveau de la foi, Jean de la Croix souffre de ce qu'il définit comme la « nuit de la foi »: un abandon apparent de Dieu et de toute son uvre. Cette période est cependant l'une des plus intense de sa vie spirituelle, notamment dans l'écriture de ses poèmes, dont « Les Cantiques spirituels ». Pour autant, son passage en prison est "un temps de naissance à soi-même, temps qui lui aura permis de devenir pleinement créatif". Jean de la Croix va rester 9 mois à Tolède,
dans des conditions très difficiles : chaque semaine il est fouetté
et insulté pour vouloir poursuivre la réforme déchaussé.
Cette période marque profondément sa spiritualité,
dans laquelle il vit un détachement forcé de tout, détachement
qu'il considère comme le moyen d'accéder à Dieu.
Il parvient à s'échapper mystérieusement le 17 août
1578. Il se cache alors chez les soeurs déchaussés de Tolède
et écrit alors ses poèmes. Epuisé il reste caché
pendant deux mois chez des amis de Thérèse d'Avila et écrit
le « Cantique Spirituel ». Il participe alors à un
chapitre des carmes deschaussé qui demande la séparation
officielle de cette nouvelle branche de l'ordre. Cette décision
conduit à un renforcement de l'opposition des carmes chaussés
qui excommunie Jean de la Croix. Pour tenter dapaiser la situation,
les frères de la Réforme lenvoient à Jaén
dans le sud de lEspagne. Il accompagne aussi Thérèse
dans ses dernières fondations. Il ouvre encore près de luniversité
de Baeza un collège carmélitain pour les jeunes étudiants
de la Réforme. Le chantre de l'Amour Une fois sortie de sa prison de Tolède, Jean de la Croix s'installe dans le couvent du Calvario, dans les montagnes de la Sierra Morena en Andalousie. Avant d'arriver au couvent du Calvario il passe par Beas de Segura et rencontre la supérieure du carmel déchaussé Anne de Jésus, et c'est la qu'il récite son « Cantique spirituel ». Jean de la Croix descend régulièrement du Couvent du calvario au couvent du carmel déchaussé à Beas de Segura, où il se lie d'une relation étroite avec la supérieure du Carmel Anne de Jésus. Sur la demande d'Anne de Jésus, Jean de la Croix écrit un commentaire sur le « Cantique spirituel » qu'il avait dicté. Les membres de l'Université de Baeza lui demandent de devenir recteur, ce qu'il accepte. Le 22 juin 1580, le pape Grégoire XIII signe le décret de séparation Pia Consideratione qui conduit à la séparation des carmes chaussés et déchaussés. Le dominicain Juan de las Cuevas est nommé pour exécuter les décisions. Un chapitre réuni alors tout les supérieurs des Carmes le 3 mars 1581 à Alcala de Henares, où une fête splendide sont faite. les principales décisions de l'ordre sont prises : Jean de la Croix est réélu et rédige les constitutions. Le chapitre ainsi que la décision denvoyer des religieux au Congo. Il use de son influence afin que les supérieurs des carmes participent aux tâches les plus simples. Jean écrit à une sur, sa souffrance dêtre séparé de Thérèse dAvila « consolez vous avec mon exemple, car je suis ici en exil et solitaire. Depuis que cette baleine ma avalé puis vomi en ce port étranger, je nai plus revoir Mère Teresa, ni les saints qui sont là-bas, chez vous. Dieu a bien agi. En définitive labandon affine, et souffrir les ténèbres donne une grande lumière. ». Le nouveau vicaire veut éloigner Jean de la Croix
et lenvoi fonder un nouveau monastère à Grenade. Le supérieur de la province du Carmel de Grenade est Diego de la Trinidad. A cette occasion Jean de la Croix rencontre une dernière fois Thérèse dAvila, qui demande alors à Anne de Jésus est appelée à fonder un nouveau monastère à Grenade. Il part alors avec Anne de Jésus pour fonder un nouveau monastère et sont alors accueilli par Dona Ana en 1582 . Jean de la Croix construit alors avec quelques frères un nouveau monastère, en étant maçon et jardinier. Il reçoit laide de son frère Francisco de Yepes. Jean de la Croix lors de ses directions spirituelles, il marque son importance pour les directions spirituelles au cas pour cas, agissant avec délicatesse comme il affirme « Qui donc a vu que les vertus de Dieu senseignent à coups de bâton et avec rudesse ? ». En tant que supérieur il se montre un supérieur ferme mais doux « Sa continuelle conversation était de Dieu, aussi bien en récréation que dans les autres lieux. Et il avait tout de grâce en traitant ces choses de Dieu quil nous faisait tous rire et nous rentrions ayant beaucoup de plaisir ». Anne de Jésus, prieure à Grenade, Jean supérieur à Martires. Jean de la Croix est directeur spirituel des religieuses. Il permet lentrée de religieuses qui nont pas la dote, dont Marie de la CroixB 56. La santé de Jean de la Croix reste malade et tombe. Il poursuit ses directions spirituelles avec certaines personnes, en écrivant des lettres, dans lesquelles il pousse à un détachement complet « Voyez ce qui peut se passer dans lâme, dans létat où vous êtes. Comme elle marche dans les ténèbres et le vide de la pauvreté spirituelle, elle pense que tout et tous lui manquent Mais il ne lui manque rien. Celui qui ne veut rien dautre que Dieu ne marche pas dans les ténèbres. Bien quil ne voie davantage dans lobscurité et plus pauvre, celui qui ne fait pas sa volonté propre na pas de quoi trébucher. ». Jean de la Croix est cependant victime de calomnies,
et est critiqué. Un nouveau chapitre se réuni en 1583 à
Almodovar, par le supérieur le Père Gratien. Jean de la
Croix est maintenu supérieur de la Grenade. En 1583, en revenant du chapitre d'Almodovar, Jean de la Croix retourne auprès des carmélites avec Anne de Jésus pour des directions spirituelles. Il aidait les religieuses en leurs donnant des billets et des petits traités « les Propriétés du passereau solitaire », « les Précautions », « les Dits de lumière et d'amour » où il expliquait sa doctrine. Or Anne de Jésus lui demande une explication aux poèmes qu'il a écrit en sortant de sa prison de Tolède. Après un refus, Jean de la Croix décide d'écrire une explication de son poème, après avoir mis en garde contre la difficulté d'expliquer ces poèmes qu'il dit inspiré par l'Esprit Saint, il écrit une explication de chaque strophe qui donneront naissance aux naissance à ses traités spirituels « Montée du Carmel » et « Nuit Obscure » où il décrit les étapes de l'ascension de l'âme à Dieu. Ces deux traités tentent de décrire les actions de Dieu et montrent la théologie de Jean de la Croix : « En toute âme, même en celle du plus grand pécheur du monde, Dieu réside et demeure substantiellement. Quand nous parlons de l'union de l'âme avec Dieu, nous écartons cette union substantielle être créé. ». Jean de la Croix part à travers la région afin de fonder des nouveaux monastères. Toujours accompagné dun frère laïc, à dos dâne ordinairement, il voyage beaucoup pour encourager les nouveaux couvents de frères et de moniales. En 1588, il est élu prieur du couvent de Ségovie. Il écrit les traités . Quelques temps plus tard, à la demande d'une de ses filles spirituelles, il écrit « La Vive Flamme d'Amour », en quinze jours, traité précisant sa doctrine spirituelle. Lors d'une de ses oraisons, il contemple un tableau de
Jésus crucifié quand il affirme entendre une voix qui lui
demande « Jean, que désires-tu pour tous les travaux que
tu as endurés pour moi? ». Il répond alors ne vouloir
rien d'autre que « souffrir et être méprisé
pour vous ». Jean de la Croix affirma d'ailleurs dans son commentaire
du Cantique spirituel que « Souffrir est le moyen par excellence
pour aller plus avant dans la délectable et profonde sagesse de
Dieu », et critiquant ceux qui refusent la souffrance « Ô
Vérité méconnue, quand pourra-t-on faire comprendre
que la profondeur de ta Sagesse et des richesses infinies de Dieu est
inacessible à ceux qui repoussent les souffrances, à ceux
qui ne désirent pas, et n'y trouvent pas la consolation de leur
âme? ». Mort de Jean de la Croix Alors quil a été présent au départ de la Réforme et quil en a assumé différentes responsabilités, excepté celle de supérieur provincial, il finit par être marginalisé de nouveau en 1591, lors du chapitre général des carmes déchaussés eux-mêmes. Le Chapitre général veut lenvoyer fonder des communautés au Mexique avant de réduire son statut à celui de simple religieux, il est alors envoyé au couvent de La Peñuela en Andalousie. Jean de la Croix tombe malade le 10 août 1591, porteur dune fièvre qui ne le quittera plus il ne peut pas rester dans le petit couvent de La Peñuela. Le 28 septembre, il est envoyé dans le couvent le plus proche, à Úbeda, pour sy faire soigner, mais il y est reçu avec beaucoup de méfiance. Très vite le supérieur des carmes déchaussés, opposant de Jean de la Croix, mène une enquête sur Jean de la Croix et des rumeurs et des calomnies sont répandues dans les couvents. La maladie s'empire et Jean de la Croix affirme au père Antoine qui l'accompagne être submergé par la souffrance. La maladie se poursuit mais Jean de la Croix affirme
au père Antoine être de plus en plus paisible. Le 13 décembre,
il demande à ce qu'on lui lise le Cantique des Cantiques. Il meurt
dans la nuit du 13 au 14 décembre 1591. La doctrine de Saint Jean de la Croix fait aujourd'hui référence dans les domaines des épreuves morales et spirituelles liées à l'exercice de la foi théologale. Par la voie de l'oraison, le spirituel dépasse les épreuves et entre dans l'exercice des vertus théologales : La foi. Il s'agit d'une tunique blanche protégeant
contre le démon. Un jour, un religieux a demandé à Jean de la Croix comment atteindre la perfection. Ce dernier a répondu en quatre mots : La résignation. Il s'agit de ne pas se préoccuper
de ce qui se passe au sein du monastère. La Foi dans l'uvre de Jean de la Croix Dans la mesure où Dieu est pour Jean de la Croix
un pur esprit, il ne peut pas être connu par nos facultés
naturelles: nos sens ne perçoivent que le concret des choses, et
l'intelligence n'atteint que les idées générales.
La foi est alors l'unique moyen d'atteindre Dieu pour Jean de la Croix
: « la foi est le seul moyen propre et proportionné pour
atteindre Dieu ». Jean de la Croix affirme qu'il faut des faire
des actes de foi tout le temps, même dans le cas de phénomènes
extraordinaires de Dieu (apparition, miracles ...) car ils ne sont que
des manifestations de Dieu, mais non Lui-même. Jean de la Croix définit la foi comme « une connaissance certaine mais obscure ». Dans la Montée au Carmel, il affirme que la « foi est une nuit », pour Jean de la Croix notre connaissance de Dieu ne sera jamais parfaite puisque Dieu est en dehors de nos facultés. Ainsi la foi dépasse l'intelligence et doit la soumettre, la foi étant à croire dans un mystère. L'obscurité de la foi vient donc pour Jean de la Croix du fait que la foi dépasse l'intelligence, et l'intelligence n'ayant pas d'explication se trouve dans une obscurité, du fait de l'éblouissement de la foi : « La foi est une habitude de l'âme, certaine et obscure en même temps. Elle est obscure car elle nous fait croire des vérités révélées par Dieu lui-même, qui sont au dessus de toute lumière naturelle. Parce qu'elles sont infinies et divines, elles excellent incomparablement la portée de tout entendement humain... Ainsi en est-il de la foi. Sa lumière, par son excès, opprime et éblouit la lumière de notre entendement » C'est cet éblouissement de l'entendement qui conduit à un aveuglement et donc à une obscurité ou une nuit. La foi est pour Jean de la Croix un mystère pour
la personne elle-même. Dans son ouvrage « La nuit obscure
», il décrit la foi comme « un escalier secret, par
lequel l'âme pénètre jusqu'aux profondeurs de Dieu
». La foi est aussi décrite par Jean de la Croix comme «
une tunique blanche que l'âme se revêt et sans laquelle il
est impossible de plaire à Dieu ». Pour Jean de la Croix
la foi est le moyen d'être en sureté contre tout ses ennemis,
qui sont le démon, le monde et la chair9. Jean de la Croix utilise une autre analogie pour décrire la foi, il l'a décrit comme des « torches enflammées », que les soldats de Gédéon portaient mais ne voyaient pas, dans le livre des Juges. Jean de la Croix affirme que la foi est la même chose, c'est comme un vase qui contient la lumière : le vase qui empêche de voir la lumière, est l'enveloppe obscure, et le contenue de la foi, la lumière, est Dieu lui-même. Ainsi l'intelligence n'arrive qu'à atteindre la surface alors que la foi atteint l'intérieur, la substance de Dieu. La foi permet pour Jean de la Croix de vivre avec Dieu,
il affirme que « plus une âme à la foi, plus elle est
unie à Dieu ». Il développe son argumentaire en s'appuyant
sur le livre d'Osée qui affirme que « C'est dans la foi que
Dieu épouse l'âme ». Il affirme alors dans son célèbre
« Cantique spirituel » que la foi accompagné de la
charité « est une véritable possession de Dieu ». Jean de la Croix considère l'espérance comme l'un des éléments centraux qui mène à Dieu, cette place essentielle de l'espérance le conduit à l'affirmation qu'« On obtient autant qu'on espère ». Cependant l'espérance n'est pas naturellement
pure pour Jean de la Croix, celle-ci doit être tourné vers
Dieu. Il dessine dans la Montée du Carmel un plan qui mène
à Dieu, et décrit tout les chemins qui égarent de
Dieu : les biens terrestres, le seul chemin qui mène à Dieu
est celui du rien : « pour arriver à tout savoir, veillez
à ne posséder quoi que ce soit (...) pour arriver à
être tout, veillez à n'être rien de rien (...) car
pour venir du tout au tout, il faut se renoncer du tout au tout »
. Jean de la Croix affirme alors que pour atteindre Dieu le danger est
alors moins le péché, que l'attache volontaire au choses
: « une seule des imperfections, si l'âme y est attachée
ou en a l'habitude, lui cause autant de dommage pour son avancement et
son progrès dans la vertu, qu'une foule d'imperfections et de péchés
véniels, qui ne procèderaient pas de l'habitude d'une passion
vicieuse » . Jean de la Croix développe dans ses traités les obstacles qui peuvent empêcher l'âme d'atteindre Dieu par le manque d'espérance . Jean de la Croix affirme qu'il faut s'appuyer uniquement sur Dieu, et développe les différents obstacles qui conduisent à s'écarter du chemin. Le premier obstacle est l'intelligence, bien qu'il ne nie pas l'importance de l'intelligence, qui lui paraissent même utile au début, celle-ci peut s'avérer un obstacle quand l'intelligence refuse l'obscurité douloureuse de la foi . L'attache aux biens intellectuels sont donc pour lui un obstacle possible dans le chemin vers Dieu . La deuxième source de difficultés viens des vertus elles-mêmes, là encore Jean de la Croix pense que l'on devient vertueux que par la grâce, l'aide de Dieu. Or très vite, une personne qui devient vertueuse considère qu'elle l'a été par ses propres mérites, ce qui conduit à refuser Dieu comme source de tout. L'effort pour acquérir les vertus devient l'obstacle qui nie l'action de Dieu dans l'âme. Pour bien agir une personne doit alors avoir confiance en Dieu et ne compter que sur lui seul, en se détachant de tout « Mon âme est détachée de toute chose créée... appuyée uniquement sur son Dieu » . les autres obstacles sont pour Jean de la Croix, ce qu'il appelle les biens spirituels ou les grâces sensibles ou mystiques . Là encore pour Jean de la Croix ce sont des dons de Dieu, mais la personne peut détourner ce dont pour en devenir orgueilleuse et en faire un bien propre . Toute personne qui fonde sa vie spirituelle sur ces biens est alors semblable à « La mouche qui se pose sur le miel et ne peut plus voler, l'âme qui s'attache aux consolations spirituelles n'est plus libre pour la contemplation » . L'ensemble de ces obstacles conduisent Jean de la Croix
à voir dans la nuit obscure un élément de purification. Jean de la Croix affirme que le moyen d'arriver à
Dieu est celui du détachement, de la pauvreté complète
que l'on peut atteindre par la nuit obscure . Certes il ne nie pas l'importance
des livres ou des sacrements, mais ce ne sont que des moyens . Ce qu'il
décrit comme la nuit obscure est alors une pauvreté complète
de la personne, qui nous dégage de tout . C'est la pauvreté
totale qui conduit pour Jean de la Croix à l'union avec Dieu .
Ce dénuement conduit alors l'âme à Dieu « Quand
l'âme est si détachée de tout, qu'elle est dans un
dénuement complet, qu'elle a, je le répète, accomplit
tout ce qui dépendait d'elle, il est impossible que Dieu ne fasse
pas de son côté ce qu'il faut pour se communiquer à
elle, au moins dans le secret du silence » . C'est par la pauvreté
que l'on peut recevoir Dieu, comme Jean de la Croix le décrit dans
l'un de ses poèmes :« Alors je m'abaissai tant et tant/ Que
je fus si haut si haut, / Que je finis par atteindre le but » . Les écrits et les expériences spirituelles de Jean de la Croix ont été commenté par des philosophes, dont certains ont vu un mouvement de dépassement permanent. Jacques Paliard, professeur de philosophie d'Aix en Provence voit un mouvement d'insatisfaction et une inquiétude permanente d'autre chose, de quelque chose de plus élevé, qui ne trouve sa satisfaction que quand il aura trouvé Dieu à sa mesure et selon ses besoins . C'est se mouvement qui conduit à un mouvement de dépassement, qui conduit Jean de la Croix à vouloir se détacher de tout. Jean de la Croix est largement commenté par les philosophes du détachement, qui en font l'un des principaux penseurs du détachement chrétien. Père Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus, carme qui c'est spécialisé dans l'étude de la théologie de Jean de la Croix, voit dans se mouvement un élément central de la spiritualité de Jean de la Croix : « le souffle de Dieu dans l'âme qui veut aller vers Dieu » . Afin d'accéder à Dieu, Jean de la Croix
prône un détachement intégral, ce qui le conduit à
affirmer que « pour arriver à tout savoir, veillez à
ne posséder quoi que ce soit (...) pour arriver à être
tout, veillez à n'être rien de rien (...) car pour venir
du tout au tout, il faut se renoncer du tout au tout » . Intelligence et volonté Jean de la Croix étudie la philosophie de Thomas
d'Aquin, et il reprend à son compte les deux facultés dites
de l'âme, l'intelligence et la volonté . Cependant Jean de
la Croix fait des distinctions au sein de ses deux facultés . La richesse de l'uvre de Jean de la Croix en font
l'un des principaux écrivains de langue espagnole. Son principal
livre d'inspiration fut la Bible, et principalement le « Cantique
des Cantiques », mais d'autres livres semblent présent dans
ses écrits comme ceux de Denys l'Aréopagite, les confessions
d'Augustin d'Hippone, Thomas d'Aquin qui sont cités dans ses principaux
traités, uvres qu'il étudia pendant ses études
de théologie . On peut aussi voir l'influence de Jean Tauler et
Jean de Ruysbroek . Certains voient aussi l'influence islamisantes, cependant
ces influences sont à nuancer dans la mesure où Jean de
la Croix n'avait pas accès aux services d'une bibliothèque
quand il écrivit, l'influence aurait pu être présente
du fait de la culture arabe encore présente en Andalousie à
l'époque de Jean de la Croix . La reconnaissance par l'Eglise catholique de Jean de la Croix est assez rapide, il est béatifié dès 1675 par Clément X , puis canonisé en 1726 par Benoit XII . Au XVIIe siècle, des querelles théologiques, notamment entre Jacques-Bénigne Bossuet et Fénelon sur l'illuminisme, conduit à considérer les écrits de Jean de la Croix comme engendrant l'illuminisme . Cette querelle conduit à remettre en cause les écrits de Jean de la Croix. Cependant en 1891 plusieurs évêques demandent, lors du troisième centenaire de la mort de Jean de la Croix, de proclamer Jean de la Croix Docteur de l'Église mais cette demande n'aboutit pas. C'est la découverte des écrits de Jean de la Croix par Thérèse de Lisieux, qui décrit Jean de la Croix comme l'un de ses guides principaux : « A l'âge de 17 et 18 ans je n'avais pas d'autre nourriture spirituelle » , elle affirme que Jean de la Croix est « le Saint de l'Amour par excellence ». La vision de Thérèse de Lisieux change la perception de Jean de la Croix. La reconnaissance rapide par l'Église de Thérèse de Lisieux et sa grande popularité, conduit à reconsidérer la place des écrits de Jean de la Croix. Jean de la Croix est ainsi proclamé Docteur de
l'Église le 24 aout 1926, deux siècle après sa canonisation,
et un an après la canonisation de Thérèse de Lisieux.
Il obtient alors le titre de « Docteur de la théologie spirituelle
» et « Docteur mystique ». Outre la reconnaissance par l'Église catholique de Jean de la Croix, les écrits de Jean de la Croix ont eu une très grande influence sur la spiritualité de nombreux théologiens ou grandes figures du christianisme. Dans l'ordre du Carmel, outre Thérèse d'Avila, les écrits de Jean de la Croix ont eu une grande influence sur Thérèse de Lisieux, la carmélite Elisabeth de la Trinité ou Edith Stein, disciple d'Husserl, devenue religieux sous le nom de Bénédicte de la Croix, et qui écrivit un ouvrage sur sa spiritualité « La Science de la Croix » . le Père Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus fondateur de l'Institut Notre-Dame de Vie, une communauté de spiritualité carmes, fut très influencé par les écrits de Jean de la Croix . Jean de la Croix eut aussi une forte influence auprès
de religieux en dehors du Carmel, comme Charles de Foucauld et Thomas
Merton . Karol Wojtyla, le futur pape Jean-Paul II, fut très marqué
par la spiritualité de Jean de la Croix, au point d'avoir voulu
être carme, a fait sa thèse de doctorat en théologie
sur l'ouvrage de la « Montée du Carmel » . Plusieurs poèmes de Jean de La Croix ont été mis en musique et interprétés par Pierre Eliane (Les chansons mystiques de Jean de la Croix, 1999).
Il s'agit de commentaires de ses poèmes, qui décrivent et rendent compte théologiquement de la progression de l'âme vers l'union avec Dieu. Ces textes sont considérés comme l'un des sommets de la mystique chrétienne. Dautres écrits, plus brefs, permettent une connaissance approfondie de sa personne et de son message. Sa poésie composée en langue castillane, dans les formes du temps, est faite de 999 vers. Ses uvres majeures sont : Les Cantiques spirituels, poèmes écrits
lorsqu'il était en prison. La Nuit obscure, ouvrage écrit lorsqu'il était
en prison à Tolède. Traductions La première traduction fut faite à Bordeaux dans les années 1610 par des prêtres séculiers mais ne fut pas publiée. Les premières traductions publiées le furent par René Gaultier, du Grand Conseil, au cours des années 1620, en un français daté. Elles eurent d'emblée une grande influence sur les spirituels : l'évêque Jean-Pierre Camus en 1624, les jésuites Lallemant, Surin, Rigoleuc en 1629, etc. La traduction du Père Cyprien, ocd, dans les années 1640-1660. Plus de cent autres suivirent. La traduction du Père Cyprien fut réactualisée par le Père Lucien, ocd, dans les années 1940-1960. Jean de la Croix, uvres Complètes, «
Préface » du Père Eulogio Pacho, artisan de l'édition
critique BAC, trad. d'André Bord, Paris, Pierre Téqui, 2003
(Prix des écrivains catholiques); édition ayant bénéficié
des progrès décisifs de l'édition critique espagnole. Bibliographie Jean Baruzi, Saint Jean de la Croix et le problème
de l'expérience mystique, Paris, Alcan, 1924 ; rééd.
revue et augm. 1931 |
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